Le Centre Pompidou, après avoir boudé Jeff Koons pendant des années (du coup il n'a plus les moyen d'en acquérir un), accueille la rétrospective de Koons jusqu'au 27 avril 2015.
Compliqué de rédiger un billet. Quoique j'écrive la moitié de mes lecteurs pensera que c'est des conneries. Ok, et alors? Koons cherche à rendre l'art accessible à tous (je ne parle pas de pognon évidemment). Pourtant son travail est clivant. Voici quelques commentaires entendus lors de l'expo:
"Je peux t'assurer que Jean il fait la même chose, tu gonfles la piscine et puis voilà"
"57 ou 58 millions de dollars je crois"
"Mon Dieu, mon Dieu que c'est laid"
"Ah c'est super beau"
"On se croirait dans un parc d'attraction à Disneyland"
"Papa je peux toucher le Hulk?"
"C'est cauchemardesque mais d'un autre côté ça correspond à une culture"
"C'est du plastique?"
Pourquoi déteste-t-on Koons?
- - Ce n'est qu'un pur produit marketing a l'égo sur-dimensionné qui contrôle les médias et s'en met plein les fouilles.
- - C'est kitsh et bling-bling
- - Ce n'est pas de l'art, d'ailleurs lui ne fait rien mais emploi plus d'une centaine de petites mains pour réaliser ses oeuvres
- - C'est un imposteur. Il aurait mieux fait de rester trader sur le marché du café
- - Son intervention à Versailles est proprement scandaleuse
Pourquoi adore-t-on Koons?
- - Il a réussi à s'imposer comme l'artiste vivant le plus cher du monde.
- - Le néo-pop de Koons est dans le droit fil de Duchamp et Wahrol. Mais s'il est vrai que les objets revisités par l'artiste sont issues de la culture populaire (ou de l'histoire de l'art), Koons s'intéresse à leur état neuf, avant leur utilisation (aspirateurs, shampouineuse à moquette, etc.). Les objets banal restés purs, intacts, sont érigés au rang d'objet précieux. On est dans le minimal art. Quant aux éditions, il les rend unique par leurs coloris (Le "Ballon Dog" est tiré à 5 exemplaires, magenta, bleu, jaune, rouge, orange, si le vôtre est vert c'est un faux). Balloon Dog (Orange) 1994-2000 estimée entre 35 et 55 millions de dollars, vendu 58 405 000 dollars chez Chirstie's le 12 nivembre 2013. Le Ballon Orange provenait de la collection Peter Brant, le jaune est chez Steven A. Cohen, le bleu à la Broad Art Foundation , le rouge à la Deste foundation (Dakis joannou) et enfin le magenta appartient à François Pinault (16.343.000 d'euros chez Christie's à Londres le 30 juin 2008).
- -Tout comme Rubens ou Michel-Ange, et plus près de nous, Damien Hirst ou Maurizio Cattelan, Koons supervise une grosse PME. Difficile pourtant de parler d'artisanat face à la grandeur de ces pièces muséales, réalisées à la perfection. Koons est d'une rare exigence quant au moindre détail.
- - On ne nait pas artiste, on le devient. Koons a compris que spéculer sur le marché à terme du café ne serait jamais excitant. Et n'est-on pas excité devant une oeuvre de Koons? Bien sûr que oui: colère, admiration, souvenirs enfantins refaisant surface, bref l'artiste ne laisse pas indifférent.
- - Koons a inauguré à Versailles en 2008, une longue série d'expositions d'artistes (ultra) contemporains. Bien sûr, la polémique est toujours de mise. Mais quel est le problème si, après tout, des milliers de personnes sont venus à Versailles pour la première fois et ont ainsi découvert les merveilles du XVIIème siècle? Certains ont sans doute imaginé qu'on allait remplacer un fauteuil Louis XV de leur salon par une banquette de Ron Arad ou une litho d'Odilon Redon par les fleurs de Koons? Je suis certain que tout le monde adorerait avoir un Koons chez soi. Comme personne en a les moyens, c'est plus facile de détester. Moi, vous ne saurez pas si j'ai les moyens, mais j'adore.