Peu souvent montrés en France, les Chapman Brothers ((Jake & Dinos) font leur retour chez Kammel Mennour dans l'exposition intitulée « Back to the End of the Beginning of the End Again » (2015).
Les œuvres présentées sont dans le droit fil de leurs travaux antérieurs, "Hell" et "Fucking Hell". "Hell" était constituée de 60 000 figurines de soldats nazis en plastique. Présentée dans des dioramas en forme de swastika l'œuvre est d'une violence rare. Pour autant elle peut être appréhender avec "légèreté" en se disant que 1) il ne s'agit pas de l'Holocauste mais de l'enfer dans lequel des nazis zombifiés s'entredévorent et 2) la récurrence du personnage de Ronald Mc Donald confère une vision grand-guignolesque de l'enfer. Imaginez regarder un film de série Z. On peut ne pas aimer mais on peut aussi se poiler tellement c'est du grand n'importe quoi.
En 2004 l'entrepôt où sont stockés "Hell" et d'autre œuvres des Young British Artists (YBA) partent en fumée. 2 ans de travail disparus en 2 mn. 2 ans pour créer 60 000 figurines nazies, 6 heures pour qu'Hiltler massacre 60 000 prisonniers de guerre russes. En 2008 "Fucking Hell" revient plus gigantesque, plus terrifiant. L’œuvre présentée à la Douane de Mer (Pinault) a aussi été exhibée à Dunkerque (les dioramas étaient alors en ligne et non en swastika. - A revoir sur myFactory).
« Back to the End of the Beginning of the End Again ». représente la grande roue de l'horreur. Mais encore une fois, cette fête foraine est plus un cauchemar pour les personnages eux-même que le regardeur (beaucoup de gens ne partagerons pas ce point de vue ce qui est fort compréhensible).
Peephole (2013) met en scène des membres du KKK abhorrant un smiley sur la poitrine et des chaussettes arc-en-ciel. Sur les murs des dizaines de gravures de Goya pastichées par les artistes ("Disaster of War IV" 2001). Les références à l'histoire de l'art sont nombreuses, Basquiat, Picasso ou encore Jeff Koons.
"Death II" (20014) représentant deux poupées gonflables en 69 est un bien un bronze dont la facture n'a rien à envier à la série des "Inflatable" de Koons. Pour ce qui est du kitch, on est servi, de là à l'offrir en cadeau de baptême, c'est autre chose.
Dans un interview au Guardian, Dinos expliquait qu'il ne fallait voir aucun geste artistique dans la fabrication de l'œuvre mais plutôt un travail répétitif, laborieux, "fairly miserable". Néanmoins les artistes questionnent les limites de notre acceptation à considérer une œuvre d'art. Le plus terrible dans tout cela, c'est que ce n'est plus de l'art. Certains le vivent au quotidien en Syrie ou ailleurs.