Il y a quelques jours j'ai eu la chance d'être invité au très sélect vernissage de cette nouvelle fondation consacrée à la création contemporaine et sise sur l'ancien site de Sanofi, à Romainville.
Avant la réfection du labo 19 artistes étaient invités à réfléchir sur la transformation et la dégradation de l'environnement dans un contextes économique, social et culturel. Pour ce billet j'ai choisi de mettre en avant Gabriel Léger (Galerie Sator) que je considère comme un des plus talentueux de sa génération. Pour les autres je vous ai préparé un petit jeu: découvrez les œuvres vous-même.
Gabriel est de loin celui qui parle le mieux de son travail. Je dis cela car à chaque fois que je l'écoute c'est jubilatoire. C'est pourquoi je lui ai suggéré de fournir une bande-son à chaque fois qu'un collectionneur acquiert une ses œuvres. A défaut il ne m'en voudra pas de pomper joyeusement de son site ses explications que je ne souhaite pas paraphraser médiocrement
"Bricks" (2014) Ce projet est constitué de près de six cents briques de papier compressé. Fabriquées à partir de milliers de pages de dictionnaires internationaux des XIXème et XXème siècles, les briques ont reçu chacune en creux un sceau correspondant au hiéroglyphe égyptien "monter" et dont le dessin figure des marches ascendantes. Aucun ciment n'étant utilisé, la disposition des briques reste ouverte: le type d'architecture choisie (escalier, pyramide, mur…) met ainsi en lumière le potentiel symbolique de la brique, a fortiori d'une brique de mots. Le titre exact de l'installation, Chaque victoire de la jeunesse, est tiré d'une phrase d'Isidore Isou: "Chaque victoire de la jeunesse a été une victoire contre les mots". Papier broyé et compressé. Chaque brique 13 x 9 x 5 cm. |
The Name of God (2017) Un proverbe dit que l'Inde est plus grande que le monde J-L Borges, L'Homme sur le Seuil (in L'Aleph) - Le regard et ce qu'il regarde Les neuf portes de la perception (…) La voix qui vient de l'est entre par l'oreille droite Marguerite Yourcenar, Les 33 noms de Dieu - Une voix enregistrée sur bande magnétique égrène l'intégralité des noms figurant sur une carte de l'Inde. Une nouvelle de J-L Borges (« Le miracle secret », 1943) avance que Dieu se trouve dans l'une des lettres d'un des noms d'une carte de l'Inde. Cette proposition, symbolique, peut tout aussi bien être prise littéralement: les noms ont donc été scandés comme un mantra, transformant ainsi une carte en texte sacré, et son écoute en expérience mystique. Carte routière de l'Inde (1942), voix sur bande magnétique, magnétophone à bobines, amplificateur, enceintes, table de camp, chaise Ingénieur du son: Sylvain de Barbeyrac Dimensions variables Les 2884 villes de la carte dont les noms sont égrainés (oui, çà s'écrit aussi comme cela) pendant plusieurs heures se transforment peu à peu en prière, basée sur le rythme, le son et le pouvoir de la parole. Il faut imaginer la qualité exceptionnelle de l'arrangement sonore sur du matériel d'époque que mon pauvre téléphone rend passablement. C'est une œuvre envoutante et nous montre une fois de plus la puissance du travail de Gabriel (cliquez ici "The Name Of God" pour la bande son) |
Benjamin Testa Démolition 1188m³ / Le problème n'est pas d'inventer l'espace mais de l'interroger -- 2017 Plaques plâtre, isolant, moquette, portes, matériaux de construction usuels 47 x 20 x 3,6 m 2ème coupe de cœur de la visite Le problème n'est pas d'inventer l'espace mais de l'interroger |