Time is a dead End
Du 12 au 16 septembre à l’espace Oppidum – 30 rue de Picardie, 75003
Présentation par Vincent Sator
Depuis les mosaïques de Pompéï jusqu’aux requins plongés dans le formol de Damien Hirst, en passant par les Natures mortes du Siècle d’Or, la Vanité traverse l’Histoire de l’art. Dès les premiers âges, le Grand Voyage s’affirme comme l’un des mystères les plus essentiels de la condition humaine. Le Memento Mori nous rappelle que tout a une fin, à commencer par nous-mêmes. L’art participe de cette entreprise spirituelle et philosophique en convoquant immortalité et transcendance.
Dans cette nouvelle série de peintures et céramiques d’Elphège, la candeur trompeusement enfantine des premières œuvres a laissé place à un regard plus mature. Elphège se souvient de Michel Ange, de Jaspers Johns, de Basquiat, de Lee Ufan ou d’Hockney tout autant de la culture populaire (des Simpson à la Science-Fiction) que de la physique et des sciences (Théorie de la relativité). Il fusionne ces sources multiples pour proposer une lecture singulière de la Vanité et du sentiment de disparition qui lui est inhérent. On retrouve les éléments constitutifs de son univers sensible, la Pink Forest, et ses personnages colorés au grands yeux ouverts comme posés sur les toiles dans une douce nonchalance. Mais cette fois ci, ce n’est plus le Monde qu’ils regardent avec curiosité et détachement mais bien sa fin.
Le langage plastique s’est affiné et simplifié. Quand l’exubérance baroque et le « all over » de type expressionnisme abstrait participait du charme des séries précédentes, le vocabulaire pictural est désormais apuré et les éléments narratifs réduits à leur message évident. Ici une fleur vénéneuse, là un squelette en prière. Les fonds colorés s’équilibrent avec les éléments figuratifs pour renforcer une narration directe et affirmée.
Il en est de même des céramiques. Les pièces d’autrefois s’imposaient comme des microcosmes complexes et exubérants, parfois proche du chaos, rappelant ces rochers sacrés que l’on trouve dans les temples bouddhistes, peuplés de petits personnages nombreux et d’architectures variées, représentation miniature de l’univers, véritable invitation à l’imagination et aux histoires. Les nouvelles œuvres au contraire font preuve d’une composition plus simple, plus directe.
Ce sentiment d’un environnement en déséquilibre, basculant vers sa disparition, cette vision eschatologique d’un univers destiné à s’achever, comme si la Pink Forest avait soudain ouvert les yeux sur la réalité du Monde, ne sauraient cependant se faire sans l’humour propre à l’œuvre d’Elphège. Par le plaisir ludique du mot et du sens détourné, les titres des œuvres s’associent à une iconographie joyeuse et décalée pour conduire cette œuvre non par vers le tragique mais bien vers la jouissance et la jubilation. L’humour ici comme antidote à la violence du monde. Une légèreté nécessaire à l’intuition de sa propre fin. C’est le secret que nous livre Elphège pour toucher ensemble à l’immortalité.
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